Dehors... [l'autre topic avait disparu :/ ]

[Votre réveil]

Quatre heures. Quatre heures qu'Ana était restée en compagnie d'Andô, toujours dans la même zone, toujours aussi proches de ce parking lugubre où tous, ils avaient appris qu'ils allaient mourir pour ne laisser la place qu'à une seule personne. Celui qui gagnerait, celui qui aurait sur la conscience la mort de tous ses autres camarades. Ana pouvait-elle simplement se permettre d'espérer que d'autres allaient s'en sortir ? Ca n'était qu'un rêve irréalisable. Ils étaient condamnés. Et Andô... Il avait l'air si insousciant maintenant... Peut-être faisait-il exprès de ne pas y croire pour continuer de faire rire la jeune fille ? Ou alors il prenait leur situation vraiment pour une sorte de jeu. Sa naïveté avait quelque chose de touchant. En ce moment, Ana aurait tellement voulu être comme lui... Être capable de le réconforter au moins autant que lui la réconfortait.
Tant pis si elle mourait. L'important était de protéger ceux qu'elle aimait. Au péril de sa vie ? Il était encore trop tôt pour elle de savoir si elle en serait capable ou non. Ana tremblait, Ana avait peur, Ana pleurait, et pourtant Ana continuait de sourire. Parce que toujours, on l'avait connue avec un sourire. Parce que toujours ce sourire avait été présent pour tous ses amis. Rien ne changerait. Tout resterait comme avant.

Non justement. Rien ne resterait comme avant. Tout le monde allait mourir, tout le monde allait pleurer, tout le monde allait perdre un être cher et... Tout le monde participerait bien à un moment ou à un autre. C'était ça Battle Royale ? Continuant pourtant de sourire, pour Andô parce qu'il était resté à ses côtés, elle ne voulait pas lui faire perdre l'ilusion d'un jeu amusant auquel ceux qui perdaient seraient toujours là pour supporter leur participant favori. Mais comme personne rassurante, on aurait pu trouver beaucoup mieux qu'elle. Car en effet, une dizaine de pas plus tard, ses jambes l'avaient lâchées pour qu'Ana tombe à genoux par terre, sans pour autant lâcher cette si précieuse main qu'elle avait dans la sienne.
Et Emi... Et Miyako... Et Haruki... Où étaient-ils ? Ana avait fait la promesse à ce dernier de ne pas participer au jeu. Elle s'était faite la promesse intérieur de retrouver Emi et de protéger aussi Miyako. Quand à Andô... Jamais elle ne le laisserait partir. Parce qu'il restait pour le moment son seul soutien. Un soutien qui lui permettrait d'avancer et d'accomplir tout ce qu'elle s'était dit. Mais comment ne pas avoir de regrets ? Tsuki... Ses parents...

"Andô... Andô... Tu crois que... On pourra s'en sortir tous ensemble ? Hein ? Je veux Emi... Et Miyako... Et Haruki... Tu crois qu'ils sont morts ? Je veux dire.. Tu crois qu'ils ont déjà perdu la partie ?"

Ana pouvait-elle se permettre de retirer toutes les illusions qu'Andô avait dans la tête ? C'était égoïste de sa part de ne pas le faire juste parce qu'il représentait le soutien le plus important qu'elle aie encore en ce moment... Elle n'avait pas le droit de se montrer égoïste. On lui avait toujours reprochée d'être naïve, mais qu'aurait-elle donné pour l'être suffisamment afin de ne pas croire, ou même de ne pas connaître, ce qui leur arrivait en ce moment-même ?
Le sourire qu'elle avait perdu réapparut alors aux paroles rassurantes d'Andô. Oui... Il allait élaborer un plan et leur chercher un bon abris. Le temps de trouver quelque chose... La lampe torche ? Non, il ne fallait pas qu'il la sorte. Et si on les voyait ? Mais comment pourraient-ils faire quoi que ce soit sans lumière en même temps ? Ainsi, Ana le laissa faire. Un abris oui... Et vite... Mais d'abord, il fallait absolument qu'elle retrouve Emi, Miyako et Haruki ! Et s'ils étaient déjà morts ? Non, ôter rapidement cette idée de son esprit et penser à autre chose. Ils étaient suffisamment forts, intelligents et courageux pour être toujours en vie.

Le sac qu'elle portait semblait peser bien plus lourd que son poids réel. Etait-ce déjà la fatigue ? Ou alors simplement que l'idée qu'une arme qui puisse faire du mal à quelqu'un se trouve à l'intérieur soit trop dure à supporter ? Baissant la tête tandis qu'elle était toujours agenouillée par terre, Ana posa son sac devant elle pour alors lâcher cette main si rassurante qu'elle avait gardé dans la sienne, se mettant à fouiller le contenu de ce même sac.
Mais d'abord... D'abord, il fallait qu'elle promette quelque chose à Andô. Quelque chose qu'il devrait lui rappeler au cas où les propres nerfs d'Ana la pousseraient à faire quelque chose qu'elle ne voulait en aucun cas commettre. Ana était une fille gentille, adorable, la petite soeur de tout le monde, la meilleure amie des peluches, la curieuse de la classe, celle qui avait acquis le statut de petite mignonne populaire. Elle n'était pas une personne qui tuait les autres. Elle ne le serait jamais. Pour les personnes qui lui étaient chères, elle était prête à sacrifier jusqu'à sa vie.

"Andô, je veux que tu me promettes de me rappeler la promesse que j'vais te faire d'accord ? Moi je ne veux pas participer au jeu ! Alors je ne me servirai pas de l'arme qu'ils m'ont donné okay ? Et si j'le fais, t'as le droit de m'éliminer de la partie ! Allez on fait comme ça, tope-là !"

Le ton de gamine qu'Ana avait utilisé était ce ton auquel on ne pouvait absolument rien refuser. Elle sentait déjà l'objet recherché sous ses doigts. Tendant sa seconde main alors vers Andô pour que celui-ci tappe dedans dans un immense sourire plein de chaleur, la lycéenne s'était ensuite mis en tête de regarder ce que pouvait bien être ce nouveau bien qui, de toute façon, ne déterminerait pas si elle avait une chance de survivre. Si elle en avait réellement une, ça ne serait pas parce qu'elle se serait battue... Point final.

( Résumé du message posté dans le sujet perdu )

Toujours aussi motivé et naïf, Ando emmena Ana en dehors du parking, ils s'éloignèrent un peu de la sortie car Ando ne souhaitait pas qu'on les attaque de suite : ça n'aurait pas été marrant. Voyant Ana pas très motivée et fatiguée, Ando lui propose de d'abord trouver un abris tranquil pour pouvoir se reposer et élaborer tranquillement une tactique afin de gagner la partie de Paint Ball. Toujours souriant et insouciant, il faisait du mieux qu'il pouvait pour réconforter Ana ; en même temps, il sortit du sac la lampe de poche, pour pouvoir explorer la carte, cependant, il y avait autre chose dans le sac...

« Anaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! » se mit à crier Ando, au bord de l'excitation ( non c'est pas ce que vous croyez bande d'obsédés ). « Regaaaaaaaaaaarde ! Un CD de Kokia !!! Yeah on va pouvoir écouter de la bonne musique en élaborant notre plan de la mort-qui-tue ! » Tout souriant, Ando mit sous les yeux d'Ana le CD du groupe japonais. Il frétillait, sur excité, tapotant des pieds. Motivé le Ando ! Et surtout stupide, il n'arrivait pas à comprendre que la fatigue d'Ana était du à l'inquiètude qu'elle avait face à ses amis : étaient-ils toujours en vie ? En bonne santé ? Avaient-ils peurs ? Etaient-ils en sécurité ? Non, Ando n'imaginait même pas ce qui pouvait passer dans la tête d'Ana. Il faut dire qu'il se croyait toujours au Paint Ball ^_^.

« Meuuuuuuuuuuh non ! Personne n'a perdu la partie, tsss !! Regarde on est sorti ya quelques heures, que crois-tu qu'ils fassent ? Ils dorment ! Ou ils préparent un plan =P ! J'te promets que tout va bien ! »

Pour confirmer les dires d'Ando, le premier rapport se fit entendre.
*Waaaaaaw, quelle organisation, on se croirait à la guerre =P, trop bien fait, il s'est déchainé le Kenji !* pensa le Japonais tout en notant rapidement sur la carte qu'il avait sorti les zones interdites et leurs heures respectives.
« Tu vois ^_^ Tout le monde va bien ! »
Tout sourire, Ando, fredonnant la musique de Pop Corn, se mit à chercher un endroit sur la carte où ils pourraient être à l'abri. Tandis qu'Ana, elle, s'inquiètait de plus en plus...
"Andô, je veux que tu me promettes de me rappeler la promesse que j'vais te faire d'accord ? Moi je ne veux pas participer au jeu ! Alors je ne me servirai pas de l'arme qu'ils m'ont donné okay ? Et si j'le fais, t'as le droit de m'éliminer de la partie ! Allez on fait comme ça, tope-là !"

Ando se retourna. En tant normal, il aurait refusé la demande d'Ana, cependant, sa voix était si... et son regard tellement... Le japonais était sous les ordres de sa dulcinée, avec cette voix là, elle pouvait tout lui demander, même de sauter de la falaise.
« Oui, Ana, je te le promets... » marmona-t-il, bavant limite sur le sol. Il topa dans la main d'Ana, oubliant même ce qu'il avait promis, qui sait, cette promesse serait peut-être décisive dans l'avenir des deux lycéens, ça, seul l'avenir le savait...
Le jeune homme, après quelques instants de débilisme profond, retourna à sa tâche de recherche d'un endroit où aller. Et tandis qu'Ana voyait l'arme dont elle avait été attribuée, Ando se remit à crier :

« Regarde !!! En C04 !!! Y'a plein de maisons !!! Et c'est à 2heures de marche, si on court, ça ira plus vite !! =D !!! »

Comment en était-elle arrivée là? Miyako se recroquevilla un peu plus sur elle-même et laisser échapper un sanglot pitoyable. Elle ramena ses bras autour de ses genoux et grimaça. Elle n'avait pas bougé... Depuis combien d'heures? Aucune idée. Elle s'apitoyait sur elle-même, et c'était quelque chose qui prenait beaucoup de temps. Des crampes engourdissaient tout son corps, déchargeant quand elle bougeait des pointes de douleur sourde. Mais elle le méritait. Alors qu'elle avait promis de protéger Ana, elle l'avait laissé partir. La jeune fille enchaîna deux nouveaux sanglots qui lui éraflèrent la gorge. Elle ne savais plus trop ce qui s'était passé, tout était flou. Le réveil dans cette salle glauque, la peur, Battle Royale, Ana, Ando, Orihime et tous ses camarades... Aoi. La lycéenne s'était retrouvée dehors, un sac en main, dans ce parking, et l'obscurité qui semblait l'envahir. Les autres élèves qui courraient, qui criaient, qui pleuraient... Elle avait perdu tous ses amis, et s'était retrouvée seule. Alors l'angoisse était arrivée. Miyako avait courru dans la forêt. Elle n'osait pas appeler Ana ou chercher trop bien, de peur de tomber sur d'autres personnes. Parce qu'elle n'aurait pas su comment réagir. Morte de peur, elle s'était adossée contre un arbre dans un petit fossé, camouflée. Elle était là depuis le début, agenouillée et tremblante. Où était passé sa motivation? Elle n'avait qu'une seule envie, rester contre son arbre et mourir là, sans personne pour la déranger. Juste elle et ses souvenirs. La jeune fille remua les jambes pour faire passer l'engourdissement qu'elle ressentait, et grinça des dents. Son pied heurta le sac qu'on lui avait lancé en plus du sien. Machinalement, elle l'attira à elle pour l'ouvrir. Une lampe de poche, une carte, un stylo, des maigres provisions. La bouteille d'eau minérale lui servit à étancher sa soif, mais Miyako avait besoin d'autre chose. Elle chercha sous ses vêtements le petit poids rassurant de son collier-briquet. Lui, elle l'avait toujours au moins. Mais ses clopes? Si seulement elle pouvait s'en griller une, là tout de suite. Est-ce qu'on avait fouillé son sac de voyage pour lui prendre ses paquets? Peut-être en restait-il un au fond, mais rien n'était moins sûr. Elle allait vérifier quand elle se rendit compte qu'elle ne savait toujours pas qu'elle était son arme. .

Mais est-ce que ça importait, l'arme qu'elle avait? Qu'est-ce qu'elle allait en faire? S'en servir? Est-ce qu'elle avait la force de se battre pour sauver sa peau? Trop de questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Elle se prit la tête dans les mains et renifla. Ce qu'Aoi aurait voulu, c'est qu'elle se bouge. Qu'elle protège ses amis, qu'elle se venge de ce gouvernement de merde, qu'elle empêche le massacre. Oui mais tout seule, elle n'y arriverait jamais. Miyako se sentait lâche, mais elle n'arrivait toujours pas à bouger. C'est à ce moment qu'elle repensa vraiment à Ana, Ando et Orihime. Tous seuls, ils n'avaient aucune chance de survivre. Parce qu'ils étaient trop gentils et trop purs pour ce jeu, voilà tout. C'étaient bien les dernières personnes qui avaient leur place ici. La jeune fille sécha ses larmes et eut un pauvre sourire en repensant à eux et à leurs bonbons. Il fallait qu'elle les retrouve. Elle en avait marre de perdre les gens qu'elle aimait sans réagir. Miyako n'était pas une héroine, une rebelle sans peur qui allait tous les sauver. Mais contrairement à certains, sa gentillesse avait des limites. Elle n'hésiterait pas à plomber le premier qui s'approcherait de ses amis. Son poing se serra convulsivement. Elle bouillait de rage contre elle-même, contre le gouvernement, tous les connards qui cautionnaient ce jeu et qui avaient tué Aoi... Le premier qui la chercherait se prendrait toute cette rage de pleine face. A vrai dire, Miyako n'avait sûrement plus toute sa raison. Elle se sentait fièvreuse, tendue, au bord de la folie. Une petite aiguille trotait sans s'arrêter dans sa tête:

TicTacTicTacTicTacTicTacTicTacTicTacTicTac... Seulement trois jours pour trouver quelque chose. Seulement trois jours trois jours trois jours... S'il n'était déjà pas trop tard. En ayant cette pensée, elle sursauta brusquement. Si ça se trouve, ils étaient déjà tous morts. C'est grâce à cela qu'elle finit par se lever. Ses jambes tremblaient encore, ses yeux étaient rouges et gonflés, mais elle était debout. Elle se saisit de ses deux sacs, et remonta le petit fossé dans lequel elle s'était cachée. Elle peinait, ses mains s'égratignèrent légèrement et elle failli glisser au fond. Elle finit par réussir, reprit son souffle et braqua sa lampe de poche vers le sol pour camoufler la lumière, à l'affut du moindre bruit, le sang battant aux tempes. Rien qu'un léger vent qui soufflait dans les branches. La jeune fille reprit sa marche d'un pas le plus leste possible. Elle devait se forcer à ne pas courir sous l'effet d'une peur incontrôlée. Cette forêt la répugnait, et au moindre bruit, elle craignait de tomber sur un cadavre atrocement mutilé. Miyako déglutit et se força à penser à autre chose.

*Je suis trop près de ce foutu batiment. Les autres ont du trouver un abri. J'espère que personne ne rode plus ici... Il faut que je m'en aille.*

Soudain, la voix de Kenji retentit, amplifiée par des hauts-parleurs invisibles. Miyako eut unn énorme sursaut et un cri s'etouffa dans sa gorge. Elle était tellement stressée que le moindre bruit risquait de lui causer un arrêt cardiaque.

*Déjà le premier rapport? Bordel!*

La jeune fille poussa un énorme soupir de soulagement en entendant qu'aucun mort n'était à déplorer. C'aurait été un coup dur, un face à face avec la réalité. Mais là, tout allait bien. Elle se détendit légèrement. A l'écoute des zones interdites, elle fit tomber son sac en catastrophe -vive la discrétion-, fouilla activement dedans pour en ressortir une carte froissée, et noter en catastrophe les zones.

- E07 à 8h00
- C03 à 9h00
- F05 à 10h00

Kenji se mit tout à coup à parler de fourmis.

*Mais qu'est-ce qu'il dit lui? Il a perdu la boule ou quoi? T__T*

Elle rangeait ses feuilles en ricanant, à bout de nerfs. Le monde devenait fou... Au même moment, elle crut entendre la voix d'Andô. La lycéenne se figea littéralement. Elle ne rêvait pas? Elle entendait bien la voix d'Andô!!! Et... Il criait!! L'angoisse lui serra le coeur. Que se passait-il? Les pires scénarios volaient dans son esprit au moment où, totalement par hasard (reuhm XD), elle avait retrouvé la trace de ceux qu'elle cherchait. Miyako s'était mise à courir, hors d'haleine, vers l'endroit d'où, lui semblait-il, sa voix venait. Elle les repéra bientôt et stoppa du même coup. Ana et Andô, en pleine forme, motivés au moins pour Andô. Elle par contre devait offrir un spectacle assez effrayant, compte tenu de sa tronche de zombi et son souffle rauque -merci la cigarette. Miyako sentit les larmes lui monter aux yeux, voilà un vrai soulagement, retrouver ses amis sains et saufs. Elle s'essuya rapidement le visage et dans un élan, serra les deux autres dans ses bras et bredouillant mi-soupir mi-marmonnement:

"Je vous ai retrouvééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééé..."

*Pardon, pardon, pardon. Plus jamais je vous laisse tomber. Plus jamais.*

Miyako les fixa encore une fois et tenta d'étirer ses lèvres en un sourire sommaire.