Tôt le matin

[D05 : Course dans la nuit]

Aux paroles de réconfort d'Aiko, le jeune garçon ne répondit que par des hochements de tête et des sourires forcés. Peut-être n'était-ce pas entièrement de sa faute, mais il avait tué, lui, un simple adolescent japonais, comme tant d'autres ! Peut-être il ne pouvait rien faire pour elle, mais il aurait du essayer, de la guérir, de la faire revenir à la raison, de n'importe quoi à part ça : la tabasser à mort. Pourrait-il vivre avec ça sur la conscience ? Sûrement pas. Non, Shun n'avait pas envie de quitter cette île vivant, il savait qu'au fond de lui, il serait mort à l'intérieur, il avait vécu déjà de bons moments : avec sa soeur, avant l'incident ; avec Kenji, avant cette histoire de Battle Royale. Et puis, cela faisait longtemps que la vie le décevait, même si Kenji était là, il s'ennuyait, il n'arrivait pas à s'amuser, à être heureux, à se sentir bien, il était déjà en quelque sorte mort à l'intérieur. Seulement, il s'était fait une promesse, depuis le Bus, depuis le Parking, une promesse qui paraissait stupide, idiote, digne d'un film à l'eau de rose : celle de protéger Aiko. Il ne voulait pas qu'elle meure, qu'elle souffre, pour quelle raison ? Il ne le savait pas vraiment. Sans s'en rendre compte, il avait peut-être sentie qu'elle avait une vie de merde, alors qu'elle était une personne "bien", peut-être voulait il faire sa BA en voulant la sauver, qu'elle vive, et qu'elle profite ensuite de la vie, comme elle le méritait sans doute...
Peut-être...
Mais avait-on réellement conscience de ce qu'on faisait, et pourquoi on le faisait, dans Battle Royale ?

A la dernière question de sa camarade, Shun avait répondu négativement.
« Je le ferais après, ne t'occupe pas de moi »
Shun voyait qu'Aiko avait du mal à marcher : elle souffrait encore des blessures que Saya lui avait faite. Il refusait qu'elle fasse quoi que ce soit d'autres. Apparement, le lycéen se prenait pour un vrai super-protecteur envers Aiko, il n'avait pas conscience que cela pourrait vraiment étouffer la jeune fille au bout d'un moment. Il faut dire aussi que notre "héros" n'y connaissait rien en comportement féminin, en effet, jamais il ne s'était intéressait à ça, haïssant ( malgré lui ) les filles et tout ce qui les concernait.

Shun avait silencieusement suivit Aiko durant tout le chemin, elle boitânt, lui chargé comme un âne, ils n'avançaient pas vraiment vite, c'est pour cela qu'ils mirent au moins une heure et demi avant d'arriver à destination. Sur le chemin, le soleil s'était levé et le chemin était enfin éclairé comme il le fallait. Tous les quarts d'heure ( et même toutes les dix minutes ), Shun posait toujours la même question à sa camarade :
« Ca va ? Pas trop mal ? Si tu souhaite faire une pause n'hésite pas. T'es sûr que tu veux pas t'arrêter ? »
Même si Shun, lui, sentait qu'il pouvait s'évanouir à tout moment, avait mal à tous les muscles de son corps, il ne fit rien, aucun gémissement de douleur ne sortit de sa bouche ( en réalité il se retenait ) et passa tout le long du chemin à grimacer et à se pincer les lèvres jusqu'au sang pour ne pas crier.

Quand ils arrivèrent à destination, Shun sentit un énorme soulagement naître au fond de lui, il allait enfin pouvoir se détendre et enlever tout le poid qui pesait sur lui, quand il passa sur les marches avant la porte d'entrée, le bois se mit à grincer de manière peu rassurante.
*Y'a pas intérêt que le parquet se casse sous notre passage...*
Il rentra à l'intérieur et une expression de dégoût se dessina sur son visage :
*Mais c'est sale cet endroit !!*
Shun déposa les trois sacs sur le sol et ne put s'empêcher de laisser échapper un gémissiment de soulagement. Il masse ses épaules quelques secondes, étira ses bras et soupira. Il sentait aussi la fatigue le gagner mais se ressaisit. Il regarda la pièce rapidement, vit le lit et s'y approcha, ne faisant pas attention s'il y avait quoi que ce soit dessus, il prit la couverture qu'il y 'avait dessus et la secoua fortement. Puis il prit dans le placard des couvertures deux autres couvertures qu'il installa sur le lit.
« Je doute que ce soit confortable mais c'est mieux que rien ! » annonça-t-il à son amie tout en lui désignant le lit. « Repose-toi, je vais voir s'il y a quelque chose d'utile par ici »
Mais tout d'abord, le Japonais prit un quelconque tissu ( torchon, serviette ) trainant sur le sol et se mit à frotter les quelques fenêtres du lieu, effaçant la crasse et laissant ainsi pénétré bien mieux la lumière.
Ensuite, Shun alla vers l'armoire à pharmacie et se mit à chercher de l'eau oxygénée et des cotons ou quoi que ce soit qui puisse les aider à désinfecter les plaies d'Aiko. Tout d'abord : soigner Aiko. Ensuite il chercherait quelconque nourriture ou arme potentielle ou quoi que ce soit qui puisse leur être utile dans leur sublime aventure.

Aiko, tout en marchant avait proposé à son ami de rayer les zones interdites, mais Shun ne paraissait apparemment pas trop s'en soucier. Espérons qu'il s'en souvienne, pensa-t-elle, car de son côté sa mémoire lui avait joué un mauvais tour.
La marche continua, douloureuse pour Aiko avec sa jambe blessée qui la ralentissait, et son épaule qui semblait se tordre toujours de trop quand elle bougeait. Sa morsure la déchirait, et sa jambe la faisait boiter. On aurait dit le vilain petit canard traînant desespéremment derrière son guide, avait-elle pensé en faisant une grimace de douleur, chose qui arrivait assez souvent.
Shun n'allait pas beaucoup plus vite, et lui demandait toutes les cinq minutes si ça allait. La jeune fille avait d'abord répondu gentiment, appréciant le fait que le garçon s'interresse à son état, mais au bout d'une heure et demi de marche, le ton avait quelque chose d'exaspéré.
Elle était blessée certes, mais elle n'était pas au bord de la mort ! Enfin, sauf si ça s'infectait, mais il ne valait mieux pas penser à cette possibilité...

Au final de cette longue heure et demie de marche dans l'île dont la faune s'éveillait peu à peu au rythme du lever du Soleil, Aiko, qui se demandait si ça n'était pas finalement Shun qui avait envie de s'arrêter pour poser aussi inlassablement la question, aperçut enfin le fameux dispensaire.
Enfin, ce qui servait de dispensaire, car l'endroit semblait miteux et peu accueillant.
Shun passa la porte en faisant craquer les bois d'une façon qu'Aiko n'aurait pas imaginé possible, et cette dernière le suivit, peu rassurée. Tout ce qu'elle espérait était qu'il n'y aurait personne à l'intérieur.

Ce ne fut pas le cas. Les seuls occupants étaient les grains de poussière voir les moutons, qui encrassaient l'endroit d'un bout à l'autre. Se retenant de dire que c'était complètement dégueulasse, elle regarda autour d'elle pour observer ce qui se trouvait dans la pièce.
Un placard qui servait sûrement de pharmacie mais dont le contenu devait sûrement être périmé (elle grimaça à cette pensée), un lit miteux et quelques meubles ça et là, tous aussi sales.
Alors qu'Aiko avait finit de jeter un oeil sceptique sur ce qui l'environnait, Shun s'activait déjà à installer un lit plus confortable. La jeune fille l'observait, les bras balants, se sentant tout à fait inutile comme d'ailleurs depuis un bon moment.
Lorsque le jeune homme eut terminé, il se tourna vers elle et l'invita à se reposer sur le lit. La jeune fille lui fit un sourire.

"Merci... Tu devrais te reposer, toi aussi..."

Affirma-t-elle également, en l'observant. Shun avait l'air très fatigué. Il n'avait certes pas perdu de sang, il n'avait pas été mordu par une sauvage, mais il n'avait pas dormit depuis des heures et avait aussi usé beaucoup d'énergie !
La jeune fille s'asseya précautionneusement sur le lit, et tapota les couvertures d'un geste prit par habitude.

"Tu sais si tu commences le ménage maintenant, je doute que les jours qui nous restent suffisent à faire quelque chose de la maison."

Commenta doucement Aiko, alors qu'elle voyait Shun s'affairer sur les fenêtres du dispensaire. Un léger sourire amusé passa sur ses lèvres, avant qu'un regard noir n'appairaissent alors qu'elle tentait de s'allonger confortablement. Son épaule lui faisait un mal de chien...
D'ailleurs, elle étouffa un cri en sentant sa blessure se poser sur le lit. Après un gémissement de douleur et une grimace, elle rabattit une des couvertures sur ses jambes. Aucun position ne semblait lui permette de tirer un minimum sur la peau de son dos, et chaque mouvement la faisait palir de douleur, mais elle n'en dit mot. C'était comme ça, se plaindre ne changeait rien, Aiko le savait depuis un moment, avec les coups qu'elle avait déjà prit par son géniteur.

"Il y a des choses utiles là dedans ?"

Demanda Aiko en tentant de tourner la tête vers Shun, mais qui, sous la douleur, finit par se raviser.

Organisatrice Nombre de messages : 436 Age : 38 Date d'inscription : 09/04/2006

Tous les médicaments que trouvent Shun sont encore mélangés, il reste la fameuse White Claudia que cherchait Tatsuha.
Bien sur il y a des compresses et de l'eau potable, mais pas d'eau oxygénée. Une bouteille de vinaigre sous l'évier et des aiguilles, du fil, des bandelettes adhésives et des pansements...

En nourriture, il n'y a que des soupes froides, du pain rassis par le temps, des cornichons... mais les plaques chauffantes fonctionnent encore si vous arrivez à trouver un truc à faire chauffer...

Aiko est gravement blessée, et si la blessure à la jambe n'est que "superficielle", celle à son épaule n'est pas du tout négligeable, un bout de chair est manquant et l'exposer à l'air encore quelques heures ne fera que développer l'infection naissante qui empêche la plaie de se refermer... Il faut cicatriser la plaie...